Carnets intimes |
Vous ne connaissez peut-être pas la route des châteaux du désert, ni le miroir de la mer Morte, ni Pétra la magnifique. Peu importe, le désir sera né en quittant les photos de Hala Hilmi Hodeib à lInstitut du Monde Arabe. Pas tant lidée du voyage au delà de votre Méditerranée, que cet éternel appel du retour aux sources, cette musique des pierres, cette noyade des couleurs, cette prière des eaux. Car le chemin dici nest autre que la grande route, la voie antique pavée et ruisselante, celle que lon voit en fermant les yeux, qui nexiste que derrière nos paupières closes, que le soleil de notre mémoire éclaire. La calligraphie des pierres exposée là est une vaste et insondable poésie, car elle est lalphabet des Dieux. Les strates ont remplacé les reliefs, les reconnaissances ont disparu, lapparence a fui, il ne reste que lintime, que le complexe dans toute sa nudité. Ces paysages inexistants et pourtant deau et de pierre, sont notre mémoire de limmortalité, notre unique musique intérieure dans le désert de notre solitude. Ces encres, pastels, sanguines sont les carnets de voyage intime quHala Hilmi Hodeib nous dévoile, sont le lourd secret dun douloureux parcours. Ils sont nos chemins errants, nos féminitudes, nos souvenirs davant-naissance ; observez en bien les rondeurs, les ombres, les veloutés, la chaleur, leur sexualité, leur magnificence maternelle. La terre sest ouverte à Hala Hilmi Hodeib, leau sest écartée dans un rêve tranquille, au delà de la violence que nous leur connaissons, et alors notre temps de soubresauts, daffrontements sest aboli comme par miracle. Cette terre est la Palestine et la Jordanie, patries dHala mais aussi comme les rives de lEuphrate, notre patrie à tous. La douceur, la chaleur du parcours initiatique proposé ne sont pas indifférentes, elles sont notre prière dimmortalité. Ces pierres vivantes sont aussi notre espoir. |
Daniel Dartevelle
|